Faut-il postuler quand on n’a pas le profil?, et d’autres conseils pour trouver un job

Pas le bon diplôme, trop senior ou parcours atypique… Sans un CV parfait, chercher un emploi peut devenir un vrai casse-tête. Dans cette newsletter, je vous propose de retrouver conseils d’experts et actualités qui vous aideront à décrocher votre prochain poste.

Imaginez... vous tombez sur une offre d’emploi intéressante. Vous vous ruez sur la section “profil recherché” mais, pas de chance, vous ne cochez pas toutes les cases. Que faites-vous?

Selon une étude du cabinet KPMG et de l’école Audencia, les salariés français envoient une candidature quand ils estiment avoir seulement 75% des compétences demandées.

Très bon réflexe! Car ceux qui décrochent les postes répondent rarement à tous les critères listés par le recruteur. “Une offre d’emploi dépeint un candidat idéal, mais ce candidat n’existe pas!”, affirme Boris Richebois, le fondateur du cabinet de recrutement Endeo.

Mais attention, un candidat qui ne coche pas toutes les cases devra respecter quelques règles, d’abord pour que sa candidature ait une chance d’être acceptée, ensuite pour ne pas se discréditer auprès d’un employeur. “Rien n’est plus énervant qu’un candidat qui donne l’impression de ne pas avoir lu l’annonce, explique-t-il. Cela peut même être un motif de refus d’une candidature future, pour un autre poste.”

70% de l’expérience demandée

Première règle: ne postulez jamais si vous vous éloignez trop du profil recherché. Concernant l’expérience professionnelle, si une entreprise demande 10 ans d’expérience, foncez si vous pouvez justifier d’au moins 6 années de travail. Pas moins. “En règle générale, avec 70% de l’expérience demandée, vous pouvez postuler sans problème, et avec 60%, cela peut passer si vous mettez les formes”, évalue Boris Richebois.

Le recruteur précise que les contrats en alternance comptent comme de l’expérience à part entière. Contrairement aux stages, qui sont généralement “moins impliquants”.

Et si, à l’inverse, vous avez un profil plus senior? “Postulez, tranche-t-il. Si vous avez 20 ou 30 ans d’expérience, c’est donc que vous en avez 10. L’expérience indiquée dans une annonce n’est pas une question d’âge.”

Le diplôme, quasi obligatoire

“Le critère de la formation est le plus difficile à contourner, prévient Boris Richebois, qui a été directeur des ressources humaines avant de créer son cabinet. Il n’est donc pas conseillé de postuler si vous n’avez pas le nombre d’années d’études requises, ou si vous n’avez pas suivi la formation demandée.

Il y a cependant des exceptions, pour les métiers en tension, pour lesquels les entreprises peinent à recruter. “En informatique par exemple, d’autant plus qu’un autodidacte pourra facilement justifier de son niveau lors d'un test technique de recrutement.”

Boris Richebois donne ainsi l'exemple d'un maître d’hôtel en reconversion. Après une formation de seulement 9 mois en programmation Java, ce dernier a réussi à décrocher un poste de niveau bac+5 chez un éditeur de logiciels. Le passionné, qui a développé bénévolement de nombreuses applications pour ses proches, a en effet passé haut la main le test technique de recrutement.

Se justifier, toujours

Deuxième règle: expliquez toujours votre démarche. “L’erreur majeure des candidats est de faire comme si de rien n’était, analyse le "serial recruteur", comme il se définit. Il faut au contraire jouer la transparence. Indiquez dans votre email ou lettre de motivation que vous êtes bien conscient de ne pas cocher toutes les cases, mais que vous avez d’autres atouts pour compenser.”

Voici quelques arguments si, par exemple, vous n’avez pas l’expérience demandée:

• Vous avez un bac+5 et pas un bac+3 comme indiqué sur l’annonce
• Vous êtes diplômé d’une école prestigieuse
• Vous êtes extrêmement motivé, comme le montrent vos expériences bénévoles.

Et pourquoi pas appâter le recruteur en proposant un salaire légèrement inférieur à celui proposé? “Vous pouvez écrire au recruteur que vous êtes prêt à gagner moins, puisque votre profil est légèrement plus junior que celui décrit sur l’annonce”, poursuit Boris Richebois.

Dernier conseil: ne négligez pas les critères qui peuvent sembler secondaires. Par exemple, la maîtrise d’un logiciel. S’il est écrit “la maîtrise est requise”, vous pouvez expliquer que vous êtes habitué à un logiciel proche. Et si la connaissance d’un programme est “un plus appréciable”, indiquez que vous êtes prêt à vous former!

Vous arrive-t-il de postuler lorsque vous n’avez pas exactement le profil demandé? Participez à la discussion.

▶ La suite

Vous décrochez peu d’entretiens de recrutement? Dans le premier numéro du Profil de l’emploi, l’experte Christel de Foucault explique comment revoir sa stratégie de recherche d’emploi. Première question à se poser: avez-vous le profil pour le poste recherché? Pour le savoir, étudiez le parcours des professionnels en poste, voire demandez à des recruteurs ce qu’ils pensent du vôtre. Si vous avez le bon profil, c’est qu’il est peut-être temps de revoir vos techniques de recherche. Cela vous permettra d’éviter les erreurs basiques, comme négliger les contrats à durée déterminée, ou vous contenter de répondre à des annonces. Découvrez les réactions à ces conseils.

▶ D’autres infos pour avoir... le profil de l’emploi

L’emploi va mieux. Plus de 260.000 postes ont été créés en 2019 (contre 188.000 en 2018). Et le taux de chômage a atteint son plus bas niveau depuis 2009 en milieu d’année (8,5%). Mieux, la tendance pourrait se confirmer en 2020. Selon l’Insee, le taux de chômage pourrait ainsi baisser de 0,1% par trimestre. Si toutes les activités sont concernées par cette embellie, le secteur des services marchands aux entreprises (comme le conseil et l’informatique) est le plus dynamique. Ces chiffres sont toutefois à prendre avec pincettes, à cause notamment d’une bipolarisation du marché du travail, avec d’un côté peu d’emplois très qualifiés et de l’autre une masse de petits jobs. Voir les conversations à propos de cette actualité.

Les femmes négocient moins leurs salaires que les hommes. Selon un sondage OpinionWay pour KPMG, la différence commence dès le premier emploi: 34% des femmes osent négocier leur premier salaire, contre 41% des hommes. Tout au long de leur carrière, 55% des femmes ont déjà négocié, contre 60% des hommes. La raison de cet écart? 49% des femmes déclarent manquer de confiance (37% pour les hommes). Pourtant, la négociation paie… Selon cette même étude, 8 salariés sur 10 ayant négocié leur salaire en cours d’emploi ont obtenu une augmentation. Voir les conversations à propos de cette étude.

L’habillement recrute! Le secteur s’apprête à embaucher entre 3.000 et 4.000 salariés par an en production. Avec la croissance du secteur du luxe, et le départ à la retraite de nombreux salariés, les PME implantées partout en France s’agrandissent. Ces entreprises, souvent sous-traitantes pour de grandes marques, ont besoin de main-d’œuvre pour effectuer un travail de couture méticuleux. La filière a donc lancé le site internet Savoir pour faire. Vous y trouverez des offres d’emploi (plus de 140 actuellement), une présentation des différents métiers, ainsi que les formations pour s’y préparer. Voir les conversations à propos de cette tendance.

▶ Le Profil de l’emploi, le podcast

Pas le bon diplôme, trop peu d’expérience, pas assez d’assurance lors de l’entretien? Pour la série de podcasts Le Profil de l’Emploi, des chercheurs d’emploi se racontent sans fard, entre moments d’espoir et désillusions. Puis, après chaque témoignage, nous invitons des personnalités à réagir. Découvrez le premier épisode, avec la championne de boxe Sarah Ourahmoune et Ernestine. Cette jeune femme de 27 ans ne cesse d'entendre qu'elle n'a pas assez d'expérience pour être chargée de communication digitale dans le secteur sportif. Pourtant, elle cumule trois années d'expérience, entre ses stages et ses missions bénévoles, notamment à la Fédération française de handball. Découvrez les discussions sur ce podcast.

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